Je m'appelle Coline Lee Toumson, j'ai 27 ans et suis une jeune afro-caribénne, d'origine guadeloupéenne et martiniquaise. Je suis la directrice artistique du festival Vibrations Caraïbes que je produis également avec l'association Amazone Caraïbes constituée de jeunes antillais investis dans l'action culturelle.
1-Comment t'es venue l'idée de créer ce festival ? Quel en est le thème principal ?
L'idée est venue d'un projet professionnel que j'avais réalisé dans le cadre de mon DESS en coopération artistique internationale, réalisé l'année dernière, en 2006.
Dans le cadre de mon DESS, je devais monter un projet d'action culturelle qui mettait en lien les territoires des cultures des artistes. C'est ainsi que j'ai monté Variations Caraïbes : francophonie, métissages et diversité qui s'inscrivait dans le cadre de la francophonie en France. Cette première édition de Variations Caraïbes consistait à valoriser et à assurer la promotion des formes d'expression artistiques et culturelles des 5 espaces de la Caraïbe créole et francophone. Le festival Variations Caraïbes s'est tenu l'année dernière à l'alliance française, à Paris. C'est un événement qui a surpris par la richesse de sa programmation, par l'atmosphère qui s'est installée pendant 5 jours et le dialogue entre le public et les artistes au fil des concerts, des conférences débats et au fil d'une exposition résidente d'arts visuels. Cette seconde édition poursuit cette volonté de mettre à l'honneur les arts contemporains de la caraïbe en accent, cette année 2007, sur un genre musical qui connaît une très forte actualité : le jazz caribéen. L'année musicale 2006- 2007 a été marquée par la sortie d'albums en jazz caribéen qui a interpellé le public sur cette esthétique nouvelle que pouvait être le jazz caribéen. Esthétique nouvelle et ancienne car le jazz créole existe depuis des siècles. La Nouvelle Orléans, il ne faut pas l'oublier, est un territoire créole et ce fait, le creuset du Jazz.
2- Quel challenge ce festival représente t-il pour toi cette année 2007 ?
Cette année nous avons décidé de réunir sur un même plateau pendant une même semaine, les pères fondateurs et les nouveaux créateurs du jazz caribéen
tels que Jack Shwartz-Bart, Mario Canonge, Joby Bernabé, Roland Brival et également des jeunes formations de jazz tels que Caraïb II Jazz et aussi le Blue Mango. En parallèle à la musique, il y aura aussi une exposition de l'art visuel avec des plasticiens, des conférences débats avec des rencontres et des chercheurs : Alain Mabanckou, François Durpaire...
3- Que pourrais-tu conseiller aux personnes qui ont envie de découvrir les artistes de cette nouvelle édition mais qui ne les connaissent pas ?
En effet, cette année 2007, il y a un double enjeu : attirer un public afro caribéen sur une programmation transversale et alternative qui sort des sentiers bâtus et également permettre aux spectateurs franciliens non initiés de découvrir autre chose que ce qui leur parvient, c'est à dire les hits du zouk et de la dancehall. L'objectif cette année sera de présenter des artistes différents, alternatifs. Des créateurs, des gens qui sont dans une démarche de création. Ils peuvent nous faire confiance sur nos choix et venir en grand nombre parce que les artistes qui seront présents sur la scène de la maison des cultures du monde sont des artistes qui sont appréciés de cercles d'initiés. L'idée est de venir découvrir une autre caraïbe et de venir à la source de musique très inspirée.
4- Pour finir, que pourrais-tu conseiller aux personnes qui se lancent dans le même genre de projets ?
Beaucoup de courage et de persévérance. Une grande foi. Une volonté de fer et de l'inventivité. Ne pas hésiter à sortir des convenances, du consensuel et à vouloir mettre en branle des choses qui nous anime et qui prennent du sens à notre niveau. Que le porteur de projets soit complètement enveloppé par son projet. Même si on est jeunes, il faut arriver à rentrer dans les standards du métier. A travailler au rythme des professionnels.
Interview publiée sur le site : http://ananzie.net